Mais où trouves-tu tes protéines ?
L’idée qu’il faut consommer de la viande pour avoir un apport suffisant en protéines est l’une des idées reçues les plus tenaces concernant le véganisme. C’est tout simplement faux. Certes, la viande est riche en protéines, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut satisfaire ses besoins avec d’autres sources. Au final, les vegan font tout simplement comme les vaches, les cochons, les moutons et les poulets : nous allons chercher les protéines à leur source, dans les végétaux.
Les légumes verts (en particulier le chou kale, le brocoli, les petits pois et les épinards), les légumineuses (lentilles, haricots, pois chiches, edamame…), les céréales (pâtes et riz complets, quinoa, boulgour…) et les oléagineux (noix de cajou, amandes, pistaches, noisettes…) sont tous d’excellentes sources de protéines.
Consommer suffisamment de protéines quand on est vegan n’est pas aussi compliqué que ce que l’insistance généralisée sur cette question peut laisser croire. Ayez simplement en tête les aliments d’origine végétale qui sont riches en protéines et essayez d’en consommer à chaque repas… Ça n’a pas besoin d’être plus élaboré qu’une tartine de beurre de cacahuètes (bien que les purées de noix de cajou et de noisettes soient tout aussi délicieuses), un peu de quinoa dans votre salade, une grande casserole de chili avec des haricots rouges, ou du tofu sauté avec des légumes… Et vous n’avez encore rien vu. La cuisine végétale est si variée et gourmande que vous n’aurez aucun mal à vous régaler tout en faisant le plein de protéines !
Que ferais-tu si tu échouais sur une île déserte ?
Malgré l’aspect pour le moins exceptionnel de cette situation, c’est une question que l’on pose souvent aux vegan. C’est assez surprenant, mais allez, jouons le jeu. Si on se retrouvait sur une île déserte, on mangerait les bananes, les mangues et les noix de coco qui ont tendance à pousser en abondance sur ces îles. On mangerait ce que mangent les animaux, car déterrer des tubercules et cueillir des baies est en général beaucoup plus sûr que de chasser, piéger, tuer, dépecer et cuire un animal sauvage.
Bien sûr, cette question n’a en réalité pas grand-chose à voir avec les îles désertes, mais interroge plutôt notre détermination : si tu risquais de mourir de faim, qu’est-ce que tu ferais ? Dans une telle situation, et s’il n’y avait vraiment pas d’autre option, il n’est pas impossible qu’on décide de manger jusqu’à la personne qui nous pose cette question !
Mais voici une autre question à poser en retour : si vous viviez sur une île avec de délicieux plats vegan disponibles à profusion, est-ce que vous continueriez de manger des cadavres d’animaux ?
Est-ce que le tofu et le soja contiennent des œstrogènes et font baisser le taux de testostérone ?
Le soja n’a pas d’effet connu sur le taux de testostérone chez les hommes.
Les fèves de soja contiennent des isoflavones, qui font partie de ce qu’on appelle les phytoestrogènes. Les isoflavones se lient aux mêmes récepteurs que les œstrogènes dans l’organisme, et c’est de là qu’est née cette idée reçue sur le tofu et le soja. Cependant, des recherches ont confirmé que les isoflavones sont différentes des œstrogènes, et n’ont pas le même effet sur le corps.
En outre, une étude de 2010 a cherché à savoir si le soja avait des effets similaires aux œstrogènes chez les hommes et abaissait les niveaux de testostérone disponibles. Les résultats de cette étude « suggèrent que ni les aliments à base de soja ni les suppléments d’isoflavones ne modifient les mesures des concentrations de testostérone biodisponible chez les hommes » (Hamilton-Reeves JM, et al.).
Si on ne trait pas les vaches, elles vont exploser, non ?
Une vache ne produit du lait que si elle donne naissance à un veau. Dans les élevages laitiers, elles sont inséminées chaque année afin de produire du lait en continu. Dans un cadre naturel, les vaches seraient fécondées normalement, les veaux téteraient leur mère et la traite serait totalement inutile.
Dans les exploitations laitières, en revanche, les veaux sont retirés à leur mère dans les vingt-quatre heures qui suivent leur naissance afin de maximiser la production de lait pour la consommation humaine. Les femelles sont en général élevées pour remplacer leur mère comme productrices de lait, mais elles sont aussi parfois abattues immédiatement ou vendues pour la production de viande de veau. Pour les mâles, il n’y a que deux options : ils sont confinés dans de petites cases individuelles et engraissés pour leur viande, puis abattus vers cinq-six mois ; ou bien ils sont tués immédiatement et vendus comme viande de qualité inférieure.
Les vaches peuvent vivre jusqu’à 20 ans. Mais dans les élevages laitiers, elles sont en général abattues vers l’âge de 8 ans.
Et les plantes, elles ne souffrent pas peut-être ?
Les plantes n’ont ni système nerveux central, ni terminaison nerveuse, ni cerveau. En d’autres termes, elles ne possèdent aucun des récepteurs qui permettent aux êtres sensibles de ressentir la douleur. Mais nous savons que les animaux ressentent la douleur, et c’est une des principales raisons d’être vegan. Si une personne s’inquiète davantage des sensations éventuelles des plantes que des sensations réelles des animaux, elle sera ravie d’apprendre que les vegan consomment en réalité moins de plantes que les personnes qui mangent de la viande. En effet, il faut cultiver de grandes quantités de végétaux pour nourrir les animaux qui finissent dans nos assiettes, ce qui est par ailleurs un sacré gaspillage étant donné que ces animaux consomment plus de calories que leur viande ne nous en apporte.
C’est quoi le problème avec le miel ? Les abeilles en produisent naturellement, non ?
Les abeilles produisent en effet du miel naturellement, mais elles le font pour elles-mêmes, pas pour les humains ! De la même manière que le lait des vaches est destiné aux veaux, le miel est destiné aux abeilles : c’est leur réserve de nourriture pour l’hiver et c’est pourquoi elles travaillent si dur tout l’été pour le produire.
En apiculture, le miel ainsi que d’autres substances fabriquées par les abeilles telles que la gelée royale, le pollen et la cire d’abeille, sont prélevés de la ruche et vendus pour la consommation humaine. Parfois, le miel est remplacé par du sirop de sucre ; dans d’autres cas, les apiculteurs affirment qu’il reste suffisamment de miel pour permettre aux abeilles de passer l’hiver. Priver les abeilles de leur source de nourriture naturelle affecte leur immunité et peut être l’une des causes de l’effondrement des colonies.
La plupart des vegan pensent que le miel n’existe pas pour notre propre usage, et qu’en acheter, en vendre et élever des abeilles pour notre profit est une forme d’exploitation. De plus, même l’apiculteur le plus prudent et délicat ne peut éviter de tuer des abeilles au cours de la récolte du miel. Ainsi, alors qu’il existe de nombreuses alternatives au miel telles que le sirop d’érable ou d’agave et d’autres édulcorants, rien ne justifie l’exploitation des abeilles.
Le cuir est un sous-produit de l’industrie de la viande : autant l’utiliser, pas vrai ?
Beaucoup de gens pensent qu’acheter du cuir permet de rentabiliser l’animal entier et donc de réduire les déchets de l’industrie de la viande. Cependant, le cuir est moins un sous-produit qu’une autre facette très rentable de ce business. Acheter du cuir soutient directement l’industrie de la viande : les mêmes préoccupations éthiques et environnementales s’appliquent donc.
Une grande partie du cuir le plus souple provient de veaux à naître ou nouveau-nés, tels que ceux qui sont abattus pour la viande de veau. La plupart des animaux élevés pour le cuir endurent les mêmes conditions d’élevage épouvantables que ceux qui sont élevés pour notre alimentation. Même les animaux soi-disant élevés « en plein air » ne connaissent pas forcément un sort plus enviable. Les vaches indiennes, souvent utilisées pour leur cuir, sont transportées à travers le pays, souvent dans des conditions terribles, vers des États où il est légal de les abattre.
La production de cuir a un coût environnemental élevé : tout d’abord, la plupart des cuirs proviennent de vaches qui produisent du méthane, un facteur important de dégradation du climat. En outre, une grande partie du cuir étiqueté d’origine italienne provient en fait d’élevages en forêt amazonienne qui, dans certains cas, se sont installés sur des terres défrichées de manière illégale. Enfin, le tannage du cuir est un processus hautement toxique (tant pour les personnes que pour l’environnement) largement sous-traité aux pays en développement qui en payent le prix fort. Au Bangladesh, par exemple, la rivière Buriganga, qui traverse une importante zone de production de cuir, a été déclarée « écologiquement morte » à cause de la pollution.
Est-ce qu’on ne rend pas service aux animaux en les faisant naître ?
De nombreux animaux sont traités avec tellement de cruauté pendant leur courte vie que non, ce n’est pas leur rendre service que de les faire naître.
Les poulets sont entassés dans des hangars crasseux, avec des pattes cassées incapables de soutenir leur poids, à proximité de cadavres ou d’autres oiseaux malades, affamés, mais trop amochés pour se déplacer.
Les vaches dans les élevages laitiers appellent jour après jour les veaux qu’on leur a arrachés. Les humains s’accaparent le lait qu’elles produisent pour nourrir leurs petits.
Des agneaux meurent de froid en hiver parce que leurs mères ont été inséminées trop tôt, simplement pour que leur viande soit disponible dans les magasins au printemps pour les fêtes de Pâques.
Une vie qui n’est que peur et souffrance, ce n’est pas une vie.
Il y a des produits d’origine animale dans tout : est-ce que ce n’est pas tout simplement impossible d’être vegan ?
Être vegan, ce n’est pas être parfait•e. C’est avant tout faire de son mieux dans un monde imparfait. On ne peut peut-être pas contrôler la façon dont les teintures utilisées sur nos tapis sont faites ni la matière du revêtement des sièges de notre voiture, mais on peut choisir ce qu’on mange, et il n’est pas difficile de manger vegan, que ce soit chez soi, au restaurant ou en déplacement.
La Vegan Society, la toute première association vegan au monde, définit le véganisme comme « un mode de vie qui cherche à exclure, dans les limites du possible et de la faisabilité, toute forme d’exploitation et de cruauté envers les animaux pour la nourriture, l’habillement ou tout autre but ».
Pour la grande majorité des gens, être vegan n’est pas une quête de pureté personnelle, mais un mode de vie qui évite des souffrances inutiles et promeut la compassion plutôt que la cruauté.
Le fait que nous ayons des canines ne veut-il pas dire que nous sommes carnivores ?
Nous ne sommes pas carnivores : nous ne pourrions pas survivre avec une alimentation carnivore. Nous pouvons cependant survivre avec une alimentation 100 % végétale et, bien souvent, même être en meilleure santé que si nous consommions de la viande. Les dents que nous appelons canines ne ressemblent en rien aux dents d’animaux carnivores et sont mal nommées. À ce propos, nos intestins ne ressemblent pas non plus à ceux des mangeurs de viande, mais se rapprochent plutôt de ceux de nos amis herbivores.